Quel regard portez-vous sur l’avenir de la profession?
L’environnement évolue et oblige la pharmacie à s’adapter si elle veut rester dans la course. La profession a déjà commencé son processus de mutation. L’année dernière, il y a eu de violentes remises en question des fondements de notre profession. Elle a certes résisté, mais ces coups de semonces ne sont sans doute que les prémices de conditions concurrentielles plus difficiles qui arrivent. C’est pourquoi les mutations doivent s’accélérer. Aujourd’hui la pharmacie quitte une longue ligne droite et entre dans une grande courbe. Ce n’est pas un virage à 90° qui signerait un grand chambardement, mais c’est bel et bien un changement de cap qu’il faut vite négocier. Si on n’anticipe pas ce virage, le risque de sortie de route est grand.Les actions du Groupe PHR concourent toutes à aider les Confrères à assurer la sécurité de la conduite de leur entreprise sur un parcours plus sinueux.
Certains pharmaciens sont pessimistes. Ce découragement est-il justifié ?
La nature humaine a horreur du changement. Il est générateur de stress.
Pour autant, notre profession a la chance d’intervenir dans un secteur d’activité, la santé, extrêmement porteur et offrant d’exceptionnelles opportunités. Il n’y a donc aucune raison objective de céder au pessimisme pour le moyen ou long terme. De plus, la loi HPST ouvre clairement de nouvelles perspectives pour les pharmaciens. Nous en débattrons d’ailleurs avec les représentants de la profession ce lundi à 14h00. Le rôle du pharmacien est, à travers cette loi, reconnu au-delà de la seule dispensation des médicaments. Huit missions sont dorénavant listées. Quatre sont obligatoires : soins de premier recours (délivrance - soin OTC conseil – « prescription » du pharmacien) – coopération entre professionnels de santé (réseau local – DP observance) permanence des soins (garde entre autre) veille et protection sanitaire (pharmaciens investigateurs) 4 sont facultatives : éducation thérapeutique (il va falloir sortir de l’officine ou s’appuyer sur des collaborateurs type infirmière – diététicienne) pharmacien référent des EHPAD (hum ! risqué) pharmacien « correspondant » (prise en charge et suivi et accompagnement dans les traitements lourds) conseils et prestations destinés à améliorer ou maintenir l’état de santé des personnes (prévention – observance – paniers de soins – compétences particulières…)
En conclusion la différenciation est officialisée ; la possibilité de dire que l’on offre certains services va ouvrir la voie à la communication ! Et un pharmacien accompagné par le groupement ou les enseignes du Groupe PHR sera plus à l’aise pour s’adapter à la loi HPST.
Alors, faut-il plonger dans un optimisme débridé ?
La pharmacie d’officine a commencé à vivre un paradoxe : les prévisions de croissance du marché de la santé sont très bonnes alors que celles du marché du médicament sont plutôt médiocres. L’univers santé est en expansion. La planète médicament est en contraction.
La concurrence entre pharmaciens est déjà devenue plus vive. Elle va continuer à se renforcer. Pour défendre ses parts de marché, il devient vital de proposer une offre différente de celle de ses voisins.
Quant à la croissance, si la pharmacie n’engage pas rapidement et profondément les réformes évoquées plus haut, elle ne profitera pas de celle de son secteur. Elle ne peut plus en effet espérer une augmentation automatique de ses recettes au prétexte que le marché global va croître. Il va falloir faire de sérieux efforts pour proposer une nouvelle offre au citoyen qui alternativement attend des réponses à ses envies de consommateur ou à ses besoins de patients. Quant aux Pouvoir Publics et aux payeurs, ils attendent eux aussi que la pharmacie fasse en permanence la démonstration de sa valeur ajoutée au titre du service public. De la crédibilité de cette évaluation, dépend en partie le maintien des règles d’exception qui régissent le fonctionnement de la profession.
La pharmacie a par le passé toujours montré une très grande capacité d’adaptation. Cette nouvelle étape n’a rien d’insurmontable. Elle n’est sans doute pas plus difficile mais elle est assurément plus complexe. C’est pourquoi le pharmacien a besoin de s’appuyer sur un groupement ou une enseigne qui va le guider dans les décisions à prendre, son organisation, la construction de l’offre patient-consommateur.
De cela aussi nous parlerons tout au long de ce congrès : lundi à 14h00 nous évoquerons les relations et les perspectives avec les payeurs privés, puis à 18h00 nous exposerons les points clés de la stratégie de différenciation que nous proposons pour les pharmacies du Groupe PHR
Mr Lucien Bennatan, président du groupe PHR, sera le prochain rédacteur en chef des CPI, Cahiers du pharmacien israélite de France. Derrière le pharmacien visionnaire et l’homme d’affaires qui s’affiche, le président du groupe PHR livre sa vision prospective de la pharmacie et parle en homme de cœur.
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