Pr Pierre Wolkenstein, président de la société française de dermatologie L’acné est une maladie qui touche 5 à 6 millions de Français, et nous disposons d’une molécule efficace, l’isotrétinoïne. C’est une maladie fréquente, tous les adolescents en sont ou en seront affectés, et elle a un impact majeur en terme de qualité de vie.L’image de soi est profondément altérée, ce qui peut aller jusqu’à la dépression, il y a davantage de patients dépressifs chez les acnéïques (20 à 50%) par rapport à la popultation générale (10 à 20%). Les médias ont récemment associé dépression et isotrétinoïne oral, qu’en est-il réellement ? Des études épidémiologiques ont tenté de faire le lien, une seule a fait ce lien, mais avec une méthodologie extrêmement contestable (les patients avaient 28 ans, alors que les prescriptions touchent les adolescents. Aucun lien épidémiologique n’a été démontré. Le taux de suicide en France est de 17,8 pour 100 000 habitants, et de 7,6% pour les 15-24 ans, et 16,4% pour les 25-34 ans. C’est la 2ème cause de mortalité après les accidents de voiture. Il y a 100 000 personnes traitées en France, soit à ce jour 2 millions de Français qui auraient été traités, dont 45% sont des adolescents. De 1986 à 2009,20 cas ont été déclarés à l’agence du médicament (en même temps, il y a eu 500 suicides de jeunes en France. Avant de prescrire ce médicament, le dermatologue doit vérifier qu’il est dans une bonne indication, une acné sévère avec échec des traitements antérieurs. Il doit vérifier l’impact en terme de qualités de vie de son patient et évaluer un potentiel syndrôme dépressif. La prescription de l’ isotrétinoïne oral doit être faite dans son contexte strictement réglementaire ( grossesse et contraception orale). Quels sont les signes les plus fréquents de dépression ? Les signes physiques, avec une grande fatigabilité, psychiques avec une grande anxiété, et émotionnels, avec une difficulté relationnelle, et une baisse des résultats scolaires. En conclusion, en l’absence d’étude épidémiologique démontrant un lien entre acné et dépression, et sachant que l’acné en soi peut induire des syndromes dépressifs, le dermatologue doit être vigilant et continuer à le prescrire, dans ses indications, mais sans crainte. www.sfdermato.org A propos de l’isotrétinoïne et de la survenue des troubles psychiatriques |